Le WWF Genève salue la plage des Eaux-Vives
Le WWF Genève se réjouit du vote du Grand conseil du vendredi 23 septembre 2016 qui ouvre la voie à la réalisation d’une nouvelle plage au Eaux-Vives, dans le respect des biotopes lacustres et de la législation relative à la protection des lacs suisses. Ce projet propose à la population le même accès à l’eau que le projet initial, avec en sus une zone de renaturation, un vrai espace de détente entre terre et eau et une qualité esthétique supérieure.
La collectivité genevoise sort gagnante de ce processus. La plage approuvée vendredi par le Grand Conseil s’inscrit clairement dans une approche de développement durable et prend en compte à la fois les aspects sociaux et environnementaux de ce développement urbain, ce que ne faisait pas le projet d’origine. Aujourd’hui, nature et présence humaine sont inextricablement liées. La ville devient le lieu de recréations reconnectés avec la nature, telle l’agriculture en ville, la production de miel ou l’exploitation de plans d’eau. Dans ce cadre, le WWF a toujours défendu l’idée d’un accès au lac sur le modèle des Bains des Pâquis ou des bains du lac de Constance, qui ont été construits en respectant l’environnement lacustre.
La création d’une roselière dans une nouvelle lagune permettra de renaturer un fragment de rive à un endroit où la liaison naturelle entre le lac et la rive a été totalement détruite par en enrochement. Pour mémoire, 97% des rives du Léman ont été profondément transformées par l’homme et n’ont plus de caractère naturel - et même 98% dans le canton de Genève. Pour s’assurer que la lagune jouera bien son rôle de milieu naturel, le WWF Genève demande à l’Etat de créer un groupe de suivi pour lequel le WWF se porte volontaire.
Plus généralement, le WWF est favorable au développement maîtrisé de Genève, comme l’ont montré ses récentes prises de position en faveur de la loi sur l’énergie, de la surélévation des bâtiments en ville, du CEVA, du Musée d’ethnographie ou de la réalisation de quartiers durables ambitieux dans le canton.
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Pourquoi le WWF s'est opposé au projet initial?
LE WWF NE S'EST JAMAIS OPPOSE A UNE PLAGE mais au déversement de milliers de mètres cubes de remblais dans la zone littorale, conduisant à sa destruction sur une dizaine d’hectares (1,5 x la Plaine de Plainpalais) pour créer un parc dans le lac. La zone littorale, qui inclut la benne littorale, est un élément clé d’un point de vue biologique pour tout écosystème lacustre. Elle se situe depuis la berge jusqu’à 10-12 mètres de profondeur. Elle représente la zone du lac la plus riche en espèces animales et végétales, grâce à ses habitats complexes. Elle est colonisée par des végétaux appelés macrophytes qui constituent des prairies sous-marines dont la densité et l’abondance dépendent de la nature du fond, des courants, de la qualité de l’eau et de la pénétration de la lumière. Ces herbiers lacustres participent également à l’oxygénation et à l’épuration de l’eau. C’est le lieu de vie des poissons, en particulier des perches et des brochets. C’est aussi le lieu de nourrissage, de repos, de reproduction des oiseaux nicheurs, migrateurs et hivernants, d’importance nationale.
Malheureusement c’est aussi la zone du lac la plus touchée par les activités et infrastructures humaines. Tout nouveau remblayage massif de cette benne littorale aura un impact négatif sur le Petit Lac, en particulier sur la faune piscicole.. Le Rapport Ecologie du Petit Lac, publié en 2008 par le département DIM affirme « l’importance primordiale de la zone littorale pour l’équilibre écologique du lac». Propos confirmés par la commission internationale pour la protection des eaux du Léman (CIPEL).
C’est pourquoi le WWF s’oppose au parc dans le lac qui détruira en partie cette benne littorale. Le WWF demande un nouveau projet, avec un remblai minimum, sans nouveau parc, qui s’inscrive dans un Plan directeur du petit lac, avec plus d’accès à l’eau, qui soient différenciés dans leurs fonctions ( plages-grèves, pontons de repos , bains), qui allient les aspects ECONOMIQUES (pêche, tourisme, navigation), SOCIAUX (accès à l’eau pour les habitants, bains publics), PATRIMOINE (bâti et paysage, vues), CULTURELS (« les bains Lullin ont été créés au XVIIIème siècle, bains de lac et de soleil, ils étaient situés au découché de l’ancien chemin des Eaux-Vives ») et ECOLOGIQUES (biodiversité), dans un périmètre élargi du Jardin anglais à la rampe de Vésenaz. Ce projet doit être élaboré en concertation avec la population, les autorités cantonales, la Ville de Genève, la commune de Cologny, les commissions consultatives et les milieux intéressés. Il doit faire l’objet d’un concours sur le périmètre global et respecter le droit fédéral. Les exemples de tels sites ne manquent pas en Europe.
La rade de Genève et Genève le valent bien.
Genève, le 23 décembre 2010